Il y a un an, nous avons mis notre beau canot neuf dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, à Verdun. Nos coups de pagaies étaient moins sûrs, nous donnions de la gîte, notre lecture du courant manquait d’intuition. Pourtant, chaque mètre gagné semblait déjà nous mener vers le Nord.

Un an plus tard, nous suivons le même itinéraire dans ce qui a tout l’air d’un rituel pour boucler la boucle. La vue de la coque de notre canot écorché nous rappelle que nous avons « ramassé de la roche » durant l’été. Le courant est fort, mais une fois élancés, nous retrouvons la confiance acquise à pagayer des centaines de kilomètre ensemble.

Si notre canot nous a permis de naviguer dans les eaux tumultueuses du Nunavik jusqu’au 58e parallèle, il nous permet également de nous réapproprier notre insularité. À 20 minutes de chez nous, le fleuve Saint-Laurent est une invitation à la découverte.

Installés sur la petite île-Rock en aval des rapides de Lachine, nous avons une vue imprenable de Montréal. Le vent glacial qui s’infiltre partout, le soleil qui se réfracte dans l’ondulation du fleuve, le son de l’eau qui vient lisser le contour de l’île… Tout nous rappelle que la nature n’a pas besoin de nous pour être belle.

Abrités derrière notre baril, nous nous servons un café brûlant afin de savourer le spectacle. Au-delà du Mont-Royal, nous apercevons d’autres rivières, des épinettes et des fondrières, et plus loin encore, mille nuances de lichen, le névé et la toundra. Dans l’horizon de ce beau jour de novembre naissent des aventures.

Être là, si près et si loin.

Photos: David Désilets