Bien que ce ne soit pas une vision à laquelle j’adhère, on résume souvent le « débat » entre le bikepacking et le cyclotourisme à la forme des contenants où l’on range ses bagages. Une chose est sûre, c’est que l’apparence distinctive de ces deux types de rangement est bien connue dans le monde du vélo. C’est donc celle-ci que j’utiliserai dans le texte qui suit.

Lorsque j’ai commencé à faire ce que j’appelais à l’époque du vélo-camping, j’ignore comment je m’y prenais, mais je réussissais à transporter plus de matériel que j’en serais capable deux décennies plus tard : le matériel le plus lourd, le plus volumineux et, surtout, le moins coûteux. Avec l’âge est certainement venu un besoin de confort plus grand, et les moyens financiers d’y répondre.

Au fil des kilomètres, j’ai donc accumulé de plus en plus de matériel. Toutefois, mes grands tours de 2016 à 2018 m’ont permis de réaliser qu’il n’était pas entièrement nécessaire. À cette époque, mon vélo avait une capacité de rangement totalisant 75 L. Au cours des saisons suivantes, j’ai optimisé le tout de façon à obtenir un système hybride incluant des sacoches et des sacs de bikepacking.

Il y a quelques semaines, j’ai finalement choisi de remplacer mon fidèle Turismo Extreme de Marinoni par une monture plus contemporaine, soit l’Anticosti de Panorama cycles. J’aurais vraisemblablement pu poursuivre avec le même système de rangement, mais j’ai choisi d’emboîter le pas, de casser ma tirelire et de faire l’achat d’un ensemble de bikepacking. Voici ce que j’ai retenu de ce processus.

Ensemble de cyclotourisme – Image par Vasco Beauchamp
Se défaire de ses sacoches

Il y a quelques décennies, la question ne se posait pas : deux sacoches devant, deux sacoches derrière, la tente sur le dessus du porte-bagages arrière et, peut-être, une boîte de guidon surmontée d’une carte plastifiée. Toutefois, les innovations dans le monde du vélo de montagne ont rapidement posé problème. Les suspensions et les freins à disque étaient incompatibles avec les porte-bagages qui accompagnaient nécessairement les sacoches.

La solution est passée par les sacs de bikepacking : pas de porte-bagages, pas de problème. Ces sacs permettaient aussi plus facilement de passer dans les sentiers étroits et de pousser son vélo en plus d’être aérodynamique et légers. Cette innovation posait toutefois un enjeu de capacité.

En augmentant leur dimension pour y répondre, on a vu l’apparition de structures permettant de stabiliser les sacs. Ces structures annulaient toutefois en partie l’avantage en ce qui a trait à la masse. En augmentant le volume à un emplacement haut sur le vélo, on a aussi perdu l’avantage de la maniabilité. Pour une capacité encore plus grande, on a même créé les mini-sacoches, et les mini-porte-bagages.

Pendant cette période, on a également vu apparaître les tiges de selle ajustables dont les problèmes de compatibilité avec les sacs de bikepacking étaient notamment réglés par l’utilisation d’un porte-bagages arrière. En somme, pour régler les problèmes liés aux sacs de bikepacking, on a recréé les sacs de cyclotourisme. Après tout, peut-être que le rejet en bloc des ensembles de cyclotourisme était malavisé.

Sacoches ultralégères Dry-Lites d’Arkel – Image par Arkel
Une solution hybride

Lors de l’expédition Manic ExpressSamuel et moi devions être autonomes en nourriture pendant cinq jours, nous avions retenu des solutions très différentes. Avec un ensemble de bikepacking, il avait pu atteindre un volume d’environ 55 L. Cet espace servait entre autres à ranger le volumineux radeau gonflable qui devait nous permettre de traverser le réservoir Outardes-4.

Ensemble de bikepacking – Image par Félix-Antoine Tremblay

Pour ma part, mon ensemble hybride comportant des sacoches à l’avant et de sacs attachés à mon porte-bagages arrière atteignait une capacité d’environ 45 L. Ce volume exclut cependant la pagaie que je transportais pour la traversée susmentionnée ainsi que les arceaux de ma tente. Nous transportions donc tous deux un volume de bagages similaire.

Ensemble hybride – Image par Samuel Lalande-Markon

Cette expédition de cinq jours d’autonomie semble toutefois s’être approchée dangereusement du maximum envisageable sans sacoches. Avec un sac de cadre complet, l’ensemble de bikepacking aurait probablement pu offrir une capacité supplémentaire d’une journée. Le cas échéant, l’emplacement sous le tube inférieur, lequel était alors inutilisé, aurait pu servir à déplacer la réserve d’eau.

Dans le cadre d’une expédition future pour laquelle la planification n’est pas encore suffisamment avancée pour en faire l’annonce, j’envisage avoir besoin d’une autonomie en nourriture de deux semaines. Conséquemment, le choix d’un ensemble de bikepacking me semblait inadéquat et l’hybridation s’imposait, comme ça avait été le cas lors de l’expédition Route blanche en 2020.

Ensemble hybride – Image par Félix-Antoine Tremblay
Le porte-bagages arrière, c’est oui

En remplaçant le sac de selle par un porte-bagages, on peut considérablement augmenter la capacité en y installant des sacoches. D’abord, les sacs de selle sont relativement petits, soit environ 15 L. Ensuite, ils sont localisés en hauteur sur le vélo. Enfin, leur masse n’est pas nécessairement avantageuse. Par exemple, en prenant pour référence le Seatpacker de 15 L produit par Arkel en comparaison avec un porte-bagages arrière comme le Journey d’Axiom et un sac Big River de 13 L produit par Sea to Summit, on obtient respectivement une masse de 720 et 820 g.

À l’avant, l’utilisation de sacs de fourche plutôt que d’un porte-bagages avec sacoches est bénéfique en ce qui a trait à la masse. De plus, avec la grande variété de géométries que l’on retrouve sur le marché, l’installation de porte-bagages représente souvent un défi. Néanmoins, l’avantage au niveau du volume ne peut pas être nié, surtout lorsqu’on considère que l’usage d’un sac de guidon n’est pas incompatible avec celui de sacoches avant.

À l’arrière, comme mentionné précédemment, l’apparition sur le marché des sacs de selle visait avant tout à répondre à un problème de compatibilité avec les vélos de montagne. Sur un vélo sans suspension disposant des ancrages pour installer un porte-bagages arrière, il semble que cette solution soit préférable, et ce, selon tous les critères auxquels doivent répondre les sacs de bikepacking : légèreté, aérodynamisme et maniabilité.

De plus, plusieurs porte-bagages incluent désormais des ancrages pour y installer des cages de bikepacking. De ce fait, au lieu de sacoches, on peut y attacher des bouteilles ou des sacs de fourche. On obtient donc plusieurs configurations possibles :

  • Sac au-dessus du porte-bagages seulement
  • Avec sacoches
  • Avec sacs de fourche
  • Avec gourdes
Porte-bagages arrière avec cage de bikepacking – Image par Logan Watts

Dans le cas de cette éventuelle expédition où deux semaines d’autonomie en nourriture seraient nécessaires, j’envisage donc cette configuration, qui aurait une capacité totalisant environ 73 L :

  • Sac de guidon (25 L)
  • Sacs de fourche (5 L) (x2)
  • Sac de cadre (environ 10 L)
  • Sac de tube supérieur (1 L)
  • Sacs de potence (1L) (x2)
  • Sac de porte-bagages (dessus) (15 L)
  • Sacs de porte-bagages (côtés) (5 L) (x2)
  • Porte gourde de tube inférieur (1 L)

Dans cette configuration, le sac au-dessus du porte-bagages serait toutefois remplacé par un radeau gonflable, ce qui ramènerait la capacité utilisable à 58 L.

Configuration hybride – Image par Miles Arbour

Enfin, comme je ne suis pas à l’abri des contradictions, malgré tous les arguments précédents, je ferai également l’achat d’un sac de selle pour mes expéditions de plus courte durée. Pourquoi? Parce que je trouve ça plus beau qu’un porte-bagages… Tout simplement!

Sac de selle – Image par CyclingAbout